Surdoué, intellectuellement précoce, zèbre … tous ces vocables désignent le même phénomène, celui du Haut Potentiel Intellectuel. Loin d’être un effet de mode, ce phénomène a toujours existé. Il est aujourd’hui largement documenté par les différents médias. Tant est si bien que de nombreuses idées reçues circulent et mènent la vie dure aux principaux concernés. Non, les enfants HPI ne sont pas tous en échec scolaire. Non, ils ne sont pas tous provocateurs ou opposants, etc. A travers cet article, je m’appuie sur les neurosciences pour énoncer de façon fiable les quelques caractéristiques permettant de reconnaître un enfant HPI … et tordre le cou aux fausses croyances !
De grandes capacités intellectuelles
Tout est dit ! A ce jour, la caractéristique fondamentale d’un enfant HPI concerne ses remarquables capacités intellectuelles. Son cerveau fonctionne plus rapidement, mais aussi plus efficacement. Cela lui permet notamment de comprendre et maîtriser des notions complexes plus vite que ses camarades. Sa rapidité d’apprentissage, mais aussi ses facultés de concentration et de mémorisation lui permettent d’acquérir de nombreuses connaissances. L’enfant précoce présente également un mode de raisonnement assez intuitif. La réponse semble lui sauter aux yeux, bien qu’il ne soit pas toujours capable d’expliquer sa façon de procéder.
À ce jour, la fameuse pensée en arborescence qu’on attribue à l’enfant précoce n’a pas été prouvée scientifiquement.
En classe, il ne sera pas nécessairement sur le devant de la scène. Tout dépend de sa personnalité. Certains enfants font preuve de beaucoup d’enthousiasme, certains restent discrets. D’autres encore s’ennuient et finissent par désinvestir les apprentissages. L’ennui reste un signal d’alarme et doit nous mettre la puce à l’oreille ! Si l’enfant HPI ne réussit pas toujours brillamment sa scolarité, dire qu’il est, par définition, en échec scolaire n’est absolument pas fondé.
Sur le plan développemental, il est fréquent que l’enfant HPI réalise les différents apprentissages (marche, langage, lecture, logique du nombre) de façon précoce. En particulier, il parle tôt et surprend l’entourage avec un vocabulaire riche et varié, utilisé à bon escient.
Une soif d’apprendre
L’enfant HPI est généralement curieux et se montre en demande d’apprendre. Leur soif de connaissances s’étend à de nombreux domaines, pas seulement aux dinosaures ! A la maison, les parents font le constat qu’il est en recherche constante de stimulations. Il peut d’ailleurs passer rapidement d’une activité à une autre, non par lassitude, mais parce qu’il a l’impression d’être arrivé au bout de ce qui était possible.
En classe, il lui arrive de bâcler son travail ou de rester dans le superficiel s’il a l’impression de maîtriser d’ores et déjà le sujet. De même, face aux nombreuses répétitions, il est susceptible de décrocher de temps à autre. En revanche, on ne retrouve pas plus de troubles du comportement chez l’enfant précoce que dans une population tout venant. L’image de l’enfant effronté, défiant et perturbateur n’a rien à voir avec l’intelligence.
Également, l’enfant HPI s’interroge et pose beaucoup de questions. Attention car il s’agit également d’une caractéristique de l’enfant anxieux. L’enfant précoce, lui, s’intéresse au fonctionnement de ce qui l’entoure. Il est parfois difficile de trouver une réponse qui le satisfasse et mette fin à son questionnement. Certaines notions existentielles sont abordées relativement tôt et prennent de court l’entourage, comme la mort ou le sens de la vie.
Voila ce que nous enseignent les différentes études scientifiques au sujet du Haut Potentiel. Toutefois, nous pouvons évoquer quelques spécificités comportementales fréquemment (mais pas systématiquement !) retrouvées chez ces enfants.
Le perfectionnisme
L’enfant précoce présente parfois une tendance au perfectionnisme. Depuis toujours, il accède facilement aux différents apprentissages, lui laissant croire que l’excellence est la norme. Également, il compose avec les différentes attentes de son entourage qui redouble d’exigences face à un tel potentiel.
La gestion des émotions
L’enfant précoce a parfois du mal à identifier, comprendre et gérer ses propres émotions. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ces difficultés. Entre autres, sa grande intelligence l’amène à traiter préférentiellement tout événement émotionnel sur un plan intellectuel et rationnel. La même objectivité est impossible, ce qui conduit à une vision déformée de la réalité et de ce fait, à des réactions inadaptées.
La créativité
L’enfant HPI a beaucoup d’idées et peut se montrer très créatif. Sa curiosité mais aussi son ouverture aux différentes expériences confèrent à ses idées un caractère original et singulier.
L’intégration
L’enfant précoce n’a pas toujours conscience de ses grandes capacités intellectuelles. En fonction de la façon dont il se compare aux autres, il aura un sentiment plus ou moins marqué de décalage ou de différence avec ses camarades. Ses centres d’intérêt peuvent différer de ceux des enfants de son âge. Il aura alors tendance à rechercher la compagnie d’enfants plus âgés ou plus matures. Il fait preuve d’une excellente maitrise du langage et d’une grande vivacité d’esprit. Son humour est assez évolué, et donc parfois incompris par ses pairs.
Il existe probablement autant d’enfants HPI que d’enfants au développement typique. Face à cette grande diversité, il est vain de dresser un portait précis et détaillé. Les préjugés à ce sujet rendent la tâche d’autant plus difficile. Les quelques caractéristiques comportementales évoquées ci-dessus semblent découler de leurs grandes capacités intellectuelles. Si elles font jusqu’à présent consensus dans la communauté scientifique, elles sont néanmoins à nuancer selon la personnalité de l’enfant. Beaucoup de parents ou d’enseignants font tout simplement confiance en leur intuition, en leur expérience, et décident de vérifier cette hypothèse auprès de spécialistes. Faire passer un test n’est jamais préjudiciable pour l’enfant ; lui coller une étiquette à tort semble bien plus dévastateur.