Bien vivre le confinement avec mes enfants

Nous voilà face à une situation inédite à laquelle nous n’étions pas préparés. Le message est clair et sans équivoque : restons chez nous. Dès à présent, enfermés à la maison ou en appartement, avec l’interdiction de sortir, il faut rapidement s’organiser pour cohabiter en famille. Les questionnements sont nombreux. Comme allons-nous occuper les enfants ? Comme gérer l’anxiété des uns, la frustration des autres, sans oublier les nôtres ? Comme il n’existe encore à ce jour aucun manuel, je vous fais partager quelques conseils que j’espère simples et pratiques, pour vivre au mieux cette période avec vos enfants.

Montrez l’exemple en tant que parents

Les enfants sont des êtres en construction, en apprentissage permanent. Dans une situation inconnue, telle que nous connaissons aujourd’hui, il est naturel qu’ils comptent et s’appuient sur leur figure d’attachement : les parents. Il est primordial que vous ayez conscience que vous allez servir de modèles durant cette période singulière. Ainsi, pour garantir un environnement calme et sécurisant, il est indispensable de changer de regard. Si vous vous figurez ce confinement comme une privation de liberté, une punition, un enfermement, cela le deviendra nécessairement.

Alors reconsidérez la situation, et abordez un autre point de vue : voyez plutôt dans ces temps difficiles une opportunité de passer davantage de temps en famille, de se redécouvrir, de compter les uns sur les autres et se montrer plus solidaires qu’à l’ordinaire. Gardez en tête qu’il serait imprudent et dangereux de ne pas changer vos habitudes de vie dans ce contexte, et que c’est naturellement votre choix d’agencer autrement votre quotidien pour faire face aux récents événements. Vous n’êtes ni en quarantaine ni confinés, vous vous protégez.

Responsabilisez vos enfants

Dans cette même veine, il m’apparaît essentiel que les enfants comprennent et consentent à cette décision. Expliquez-leur la situation en adaptant votre discours, c’est-à-dire simplement, sans dramatiser. Il existe de nombreux supports internet pour ce faire. Je recommande les illustrations de Coco le virus, sur la page Les dessins de Marge, qui ont le mérite ne pas être anxiogènes. Il est important que les enfants aient une explication à tous ces bouleversements : papa et maman qui travaillent à la maison, les écoles qui se retrouvent fermées, l’interdiction de voir les copains, etc.

Au terme de ces explications, je conseille tout particulièrement d’insister sur le fait que les enfants sont asymptomatiques et donc hors de danger, mais peuvent grandement contribuer à la lutte. Cela va non seulement les rassurer, mais aussi leur faire réaliser que même à leur échelle, ils ont un véritable rôle à jouer dans cette bataille. En restant chez eux, en adoptant les bons réflexes, ils vont limiter la propagation du virus et ainsi sauver des vies, notamment des personnes les plus vulnérables. Soyez vous-même convaincus de leur implication pour mener à bien ce combat. A l’heure actuelle, il n’est pas plus compliqué d’être un héros !

Révisez ensemble les gestes barrières, ces gestes simples qui protègent soi-même et les autres. A ce titre, j’aime beaucoup l’expérience ludique des paillettes pour saisir l’importance de se laver les mains. Également, celle des dominos pour illustrer le phénomène de contagion et expliquer les distances de sécurité. Toutes ces mesures de prévention, entendues dans les médias et observées chez les adultes, feront sens et seront d’autant plus facilement appliquées. Plus vos enfants se sentiront acteurs dans cette démarche, meilleure sera leur collaboration.

Structurez les journées et les espaces

Profitez-en pour énoncer quelques règles simples qui dicteront votre quotidien. Par exemple, interdiction de déranger maman quand elle travaille dans son bureau, de jouer à tel-jeu-très-bruyant quand papa est au téléphone, etc. Pourquoi ne pas faire écrire à vos enfants ces règles de conduite sur une feuille de papier, les signer et les afficher à la vue de tous. N’oubliez pas de féliciter systématiquement vos enfants quand elles sont respectées, cela favorise leur intégration et leur exécution sur le long terme. A l’inverse, lorsqu’elles sont enfreintes, accompagnez votre enfant devant le lieu-dit et rappelez lui la règle à suivre, momentanément oubliée. Essayez de garder votre calme, encore une fois, vous montrez l’exemple.

Les enfants ont besoin de repères, de routines contenantes et structurantes. Le mieux serait de définir un rythme et de le répéter chaque jour de la semaine, en dehors du week-end mais nous y reviendrons ! Faire l’école le matin, un petit temps de récréation au milieu, la pause déjeuner où l’on aide papa ou maman, un moment jeu dans l’après-midi … Le fait d’anticiper le déroulement de la journée permet de prévenir le stress lié à l’imprévu, et réduire les crises ou les tensions.

Il en va de même pour les espaces. Si votre environnement le permet, chacun le sien, et attribué à une fonction bien précise : la chambre pour jouer, le bureau pour papa et maman, la salle à manger pour faire la classe.

Patience et persévérance sont vos alliées durant cette période de changement car si les enfants restent plus adaptables que les adultes, il faut néanmoins du temps pour assimiler cette nouvelle organisation. Rien ne vaut l’entraînement ! Le cerveau a besoin de répétition, de réactivation pour intégrer de nouvelles connexions neuronales, ou densifier celles existantes.

Equilibrez le temps passé sur chaque type d’activité

Dans cette nouvelle organisation, vous allez devoir tenir compte du temps de classe, mais pas seulement. Les enfants ne sont pas que des élèves, loin de là. Ils ont besoin d’être stimulés mentalement mais aussi physiquement, écoutés, divertis … En sachant cela, veuillez à adopter une triple approche : tête-cœur-corps. Je recommande de mettre en place un moment spécial dans la journée, dédié au sport. Si vous n’avez pas d’extérieur dont vous pouvez profiter, faites preuve d’ingéniosité. De nombreuses vidéos circulent sur internet, favorisant une pratique sportive adaptée, propice au défoulement. Clôturer toujours cet instant par un temps calme, au travers de la respiration ou la méditation, pour instaurer un rituel de fin et passer sereinement à l’activité suivante.

De la même façon, misez sur les loisirs-créatifs, permettant aux enfants de s’exprimer librement. Peu importe l’outil utilisé, l’objectif est de déposer une émotion ou un ressenti. De nombreuses études s’accordent sur le fait que ces activités manuelles nous rendent plus confiants et détendus. On se libère la tête mais surtout, on évacue son anxiété.

Valoriser la communication

Du fait de cette promiscuité inhabituelle, les membres d’une même famille peuvent à la longue négliger de communiquer. Pourtant, le fait de partager et exprimer ce que l’on ressent est primordial pour la bonne santé du groupe, en particulier dans un tel contexte. Faites preuve d’empathie et encouragez vos enfants à s’exprimer. Les émotions – comme la peur, la colère ou la frustration – peuvent prendre une ampleur phénoménale chez eux. Ainsi, en leur permettant d’extérioriser l’émotion au moment où ils la vivent, puis mettre un mot dessus lorsqu’ils sont calmés, vous les aidez à développer leur intelligence émotionnelle et à progresser dans la gestion de leur émois intérieurs. Parlez vous-même de vos ressentis afin de montrer comment procéder et favoriser une relation parent-enfant authentique.

Cela n’est pas chose facile, les enfants ne sont pas toujours habitués à se confier spontanément, en fonction de leur âge et leur personnalité. Certains supports peuvent vous donner un coup de pouce. Pour les plus jeunes, vous pouvez utiliser la météo des émotions, permettant d’imager nos états internes et illustrant parfaitement le caractère changeant de la vie émotionnelle. Vous trouverez un poster formidable sur le site papapositive. Rappelez-vous que vous n’êtes pas là pour juger, mais simplement accueillir et reconnaître ce qui se passe au plus profond de nous à cet instant.

Restez connectés avec vos proches

Je conseille bien évidemment de maintenir le contact avec son entourage durant cette période. Puisque vous êtes priés de rester chez vous, ce sont désormais vos proches qui s’invitent sur vos écrans pour pallier l’ennui et la solitude. Facetime, Skype, les applications ne manquent pas. N’hésitez pas à sortir du cadre d’un simple appel visio et organiser un rendez-vous virtuel convivial, autour d’un thé, d’un apéro (sans alcool pour les chérubins) ou même d’un jeu de société. Nous observons depuis le début du confinement beaucoup de familles qui se réunissent de cette façon.

Si vous avez le numéro des parents d’amis de vos enfants, proposez-leur un horaire afin qu’ils puissent se voir, se raconter leur journée et ainsi garder le lien … et le moral ! Il est en effet important que les enfants aient des interactions sociales diversifiées, ne se limitant pas uniquement au cadre familial. Cela leur permettra également de garder un pied dans la cour de récréation, et ne pas se cantonner à la classe et aux devoirs.

Si un membre de votre famille n’a pas internet, comme par exemple une personne âgée vivant en EHPAD, privilégiez le format postal plutôt qu’un coup de téléphone. Expliquez à votre enfant qu’une lettre, accompagnée éventuellement d’un dessin, aide grandement les personnes esseulées à se sentir soutenues et présente l’avantage de pouvoir être relue dans les moments difficiles.

Cultivez le positif

Il est très facile de basculer dans la morosité avec le climat ambiant. Chacun d’entre nous est susceptible d’avoir des baisses de moral, des moments de panique dans les prochaines semaines à venir, et cela est bien naturel. Comment se préserver, rester positif et tenir le coup sur la durée ?

Tout d’abord, prendre de la distance avec ce qui nous arrive. Evitez de mettre une chaine d’information en fond sonore toute la journée, ou même regarder le journal télévisé le midi et le soir. Il est bien sûr important de se tenir au courant de l’actualité, mais une fois par jour suffit amplement, de préférence en début ou milieu de journée. Evitez à tout prix le soir avant de vous coucher pour se prémunir de difficultés de sommeil. Vous pouvez aussi privilégier la radio car certaines images peuvent en effet heurter la sensibilité des plus jeunes. Quel que soit votre choix, après chaque nouvelle information, prenez le temps d’en discuter avec vos enfants afin de les aider à prendre du recul. Ne les mettez pas à part : il est important qu’ils puissent eux aussi suivre l’avancement de la situation puisqu’ils en subissent également les affres. Sachez aussi que leur imaginaire est sans limite, et qu’il vaut mieux les tenir informés plutôt que laisser libre cours à leurs fantasmes !

Veuillez à accentuer les aspects favorables, comme la solidarité mise en place entre les citoyens, les promesses d’un vaccin, l’amélioration de la situation sanitaire dans certains pays, etc.

Faites également en sorte que vos discussions ne tournent pas autour de ce seul sujet, sinon l’inquiétude collective face à ce virus aura bel et bien atteint votre foyer. Encore une fois, la peur de l’inconnu, l’anxiété, le ras-le-bol sont parfaitement compréhensibles, toutefois ne les laissez pas vous envahir. Nous avons naturellement tendance non seulement à généraliser (« c’est partout pareil ») et à minimiser les points positifs en exagérant les contraintes (« on ne peut même plus sortir »).

Une petite astuce pour bien terminer la journée que j’affectionne tout particulièrement : à l’heure du dîner, faites un tour de table où chacun raconte son moment préféré. La journée a pu être éprouvante mais tout n’est pas noir, et cela fait du bien de s’en rappeler, n’est-ce-pas ?

 

J’espère sincèrement que ces suggestions vous aideront à trouver un équilibre et une harmonie familiale durant cette épreuve. Si des doutes ou des interrogations perdurent, ou si vous désirez simplement partager votre expérience, je vous invite à poser directement vos questions via le site internet, ou me contacter par email. A bientôt, et bon courage à tous.

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